Prom tonight !

Publié le par Green Revolution


En arrivant à Chengdu, une question existentielle et relativement épineuse s’est rapidement posée : que faire de mes soirées ?

« Bah la même chose qu’en France » me direz-vous ? Techniquement difficile à mettre en place. Pour rester parfaitement fidèle à l’original, il me faudrait un mauvais épisode de Smallville à la télé (pourquoi préciser « mauvais » ?!), un jeu vidéo à garantissant des heures d’addiction sur mon ordinateur, et/ou une réunion des alcooliques anonymes dans mon salon avec tous les voisins invités. Pas possible donc, et un peu trop geek pour cette nouvelle vie qui sera, qu’on se le dise, placée sous le signe de la sociabilité.

 

Bon je ne me suis pas posé la question bien longtemps en fait :

-          j’ai découvert avec délice les joies du dvd à 80 cts d’euros

-          j’ai constamment un retard sur mes cours de 100 idéogrammes à apprendre

-          je m’endors souvent comme une bienheureuse devant des dramas chinois auxquels je ne comprends pas grand-chose (enfin si globalement, c’est l’histoire d’une grognasse, d’un niaiseux, et de leur histoire d’amour contrariée par un maître méchant vraiment méchant… mais nous nous égarons !)

-          j’arrive à maintenir un semblant de vie sociale, qui s’exprime la plupart du temps dans des soirées plus ou moins galère, ou dans des bars ultra branchés pour chinois embourgeoisés ou étudiants étrangers dépravés.

 

 

Mais il y a aussi les soirées qui sortent du lot ! Comme celle d’hier soir par exemple.

 

 

Le bal

 

Tout commence à 19h.

J’ai rendez vous avec un étudiant chinois, Liang Huan, qui doit m’emmener danser quelque part dans le campus. J’ai mis une robe. Je ne vais pas danser n’importe quelle danse ce soit. Oui ce soir, je vais danser la valse.

A ce stade du récit je vous dois quelques explications. Premièrement, qui est Liang Huan ?

Liang Huan est étudiant à Chuan Da : il apprend l’anglais et le français. Il y a quelques semaines, il a fait une petite descente au dortoir des étudiants étrangers, et récolté une bonne dizaine de numéro de téléphone, dont celui de ma coloc San, qui lui donne depuis des cours de français contre de cours de chinois. A partir de là, j’ai pu faire connaissance avec lui, échanger quelques mots à propos de Taiwan et des chanteurs de pop chinoise, et même danser un peu avec lui à l’occasion d’une soirée au Babi (plus d’explications sur ce point un peu plus tard).

Finalement, une autre étudiante française de la fac m’a raconté que Liang Huan l’avait emmené danser au bal bi-hebdomadaire de la fac, ambiance authentiquement kitch et charme désuet garanti. Hey mais moi aussi je veux aller au bal ! Coup de fil à Liang Huan, rendez vous fixé, vous en savez autant que moi à ce stade de la soirée.

 

19h donc, me voilà toute endimanchée, j’arrive un peu en retard et me fais légèrement fusiller du regard. « J’ai essayé de t’appeler 2 fois mais tu ne répondais pas ». Si tu savais mon grand, tout ceux qui ont frôlé l’hystérie en « essayant de m’appeler » sans succès !

Nous arrivons à la salle de danse. Niveau ambiance, je n’ai pas été déçue. Boule à facettes, projecteurs comme à la boom des CM1 C en classe verte à St Hilaire de Riez, valse et accordéons avec des paroles en chinois. Bonheur ! Je ne savais pas danser, mais apparemment ça n’a pas posé problème à mes cavaliers (seule occidentale de la soirée, ils faisaient la queue. Finalement, c’était vachement mieux que la boom des CM1 C).

 

Aux alentours de la quatrième danse, je me fait alpaguer par un quadra un peu barge qui tient absolument à ce que je soit russe. Le voilà qui se met à déclamer sa prose dans la langue de Staline, mais non vraiment, je ne comprend pas, je suis française, tu sais, Tour Eiffel, Champs Elysées, tout ça quoi…

Il finit par comprendre, et se lance dans une série de comparaisons assez flatteuses à mon égard, en anglais cette fois. Je ressemble donc (dans l’ordre) à :

-          une russe (j’avais cru comprendre)

-          une star de cinéma (russe ?)

-          un ange

-          un papillon qui vole dans le ciel (de loin ma préférée).

 

La valse s’achève, je titube un peu et cours vers Liang Huan (« je t’en prie sauve moi ! Fais toi passer pour mon copain, interdis leurs de m’approcher, menace les de les défier en duels s’ils m’invitent à danser ! »). Mon ami russophile nous suit, malheureusement, et nous invite à boire un verre avec lui un peu à l’écart de la piste de danse. Il en profite pour me bombarder de questions, et commenter mes réponses en chinois avec Liang Huan. Il s’amuse tellement avec nous qu’ils nous propose d’aller avec lui au karaoké d’à côté (il nous le propose en chinois, ce qui fait que je ne prends pas pars aux délibérations, et finis par débarquer un peu à l’ouest dans la salle de karaoké).

Là je dois dire que j’ai bien ri. Le karaoké semble être pris vraiment au sérieux ici, il n’y a qu’à voir avec quelle ferveur tout le monde chante dans ces endroits ! D’ailleurs, mes deux chinois ont été assez médusés d’apprendre qu’il n’y avait pas beaucoup de karaoké en France (« mais, les français n’aiment pas la musique alors ? »).  J’ai un peu moins ri lorsqu’ils ont essayé de me mettre le micro entre les mains, alors que je connaissais ni la chanson, ni les caractères des paroles (et oui, sans caractère, il n’est même pas possible de chantonner vaguement les paroles sur une mélodie approximative, on est paumé de chez paumé). Finalement, Liang Huan m’a (encore une fois) sauvé la mise, et je m’en suis tirée avec un « oui oui, la prochaine fois c’est promis ».

 

Après le karaoké, pas question de retourner danser la valse. On abandonne le quadra, et on décide de retrouver un ami de Liang Huan, Yang Fan. Rendez vous au dortoir.

 

 

Le dortoir

 

Je marque une pause pour parler de mon potentiel de séduction en Chine. Et bien il est assez élevé ! Récapitulatif : je suis occidentale, à la peau claire, mon visage est petit ainsi que ma bouche, et mes yeux sont plutôt grands. Tous ces arguments, et surtout le premier, font de moi une personne digne d’attirer les égards des chinois en général (femmes comprises, sans sous entendu sexuel bien évidement). Lâchez moi une soirée et boite, j’en ressortirai avec quelques « you’re so beautiful »  à mon actif (ça change de la France, ce pays idéal pour le dopage d’ego).

 

Maintenant, imaginez la scène dans un dortoir pour garçons (les dortoirs en chines ne sont pas mixtes : les filles peuvent entrer, mais doivent s’inscrire sur un registre en entrant, et noter l’heure de leur départ en ressortant. Lorsque j’ai expliqué à mes amis chinois que les émeutes de mai 68 avaient commencée à cause de la contestation de la non mixité des logements étudiants, en partie, ils ont répondu en rigolant qu’il devraient peut être faire la même chose. Sur le moment, je suis restée plutôt surprise, mais je trouve que cette réponse n’était pas du tout anodine. Fin de la parenthèse.)

Donc, moi dans un dortoir de mecs. Très grand moment.

Les chambres sont partagées par 4 étudiants. Pas de salle de bain, pas de cuisine, toilettes sur le palier, des bureaux de la taille de petites tables de nuits.

Liang Huan s’est excusé pour le désordre en entrant (selon les critères qui s’appliquent à ma chambre, la pièce était rangée). Liang Huan et Yang Fan apprennent tout les deux le français : j’ai du me livrer à la lecture d’un des textes de leur manuel, et c’était assez mignon de les voir tout les deux fantasmer sur un texte portant sur les quatre saisons en France (oooh french is so beautiful, the more you speak, the more I want to learn french). Entrée du troisième colocataire (« bonjourrrr enchanté de fairrr votre connaissance ») et les voilà en train de me faire écouter leur chanson française préférée.

 

Reprenez votre souffle, asseyez vous bien sur votre siège. En Chine, LE tube français par excellence n’est autre que… Hélène. Oui oui, je m’appelle Hélène, je suis une fille comme les auuuutre. Celle là même.  Dire à un chinois que l’on est français entraîne quasiment systématiquement le fredonnement, ou au minimum l’évocation, de ce chef d’œuvre musical, juste après « you’re country is so romantic » et « Zidane blablabla football blablablabla Materazzi mérite de brûler en enfer (à peu près) ».

Sans rire, ils connaissant mieux les paroles que moi !

 

 

Fin de soirée

 

Fin de l’épisode du dortoir. J’ai serré quelques mains, dit « bonjour, ça va » un demi douzaine de fois, et direction la sortie du campus, pour se rendre dans une boite de nuit branchée, le Babi.

 

Les boîtes de nuits chinoises sont globalement toutes identiques. Musique très forte, piste de danse minuscule, et plein de petites tables où les gens jouent à des jeux d’alcools. Et ils boivent quoi les chinois ? du saké ? Malheureux ! Non, le saké c’est japonais, ici on appelle ça le Bai Jiu je crois (je ne suis pas spécialistes en la matière), mais de toute façon, on ne boit pas ça en boîte. Ici, tout marche au whiskey « Chivas » (question : on a ça en France ?), la plupart du temps coupé au thé (mais alors trèès très coupé, je me demande comment ils arrivent à atteindre l’état d’ébriété dans ces conditions). Comment je sais ? Au Babi, un occidental se fait en moyenne arrêter toutes les 10 minutes pour trinquer un coup. Surtout les hommes, les filles se font plutôt inviter à danser.

 

Ce soir là, nous ne sommes pas resté très longtemps, danser sur 50cm2 n’était pas évident.

 

 

Il est minuit. Je suis rentrée, mais la nuit n’est pas finie !

 

Direction le Panam, le bar français à 10 minutes de chez moi, où se retrouvent la moitié des étudiants étrangers de Chuan Da, et pas mal d’expatriés. Beaucoup d’américains, et quelques français (dur de résister de au plaisir de lancer un « hey salut David ! Ca va ce soir ? Un p’tit gin to’ s’il te plait ! » et d’être compris, au milieu de la masse anglophone qui campent là bas).

 

En l’occurrence, je parle avec un québécois ce soir là. Guillaume, grand connaisseur de blagues sur Chuck Norris (« que va faire terminator après avoir annoncé ‘I’ll be back’ ? Il va demander conseil à Chuck Norris »).

 

Je finis (enfin) par fatiguer un peu et décide de rentrer à la maison. J’ai le temps de dire au revoir à Jack Bauer (Jack Bauer… un américain de la fac, qui mérite décidément un article, même un petit, dès que j’aurai réussi à voler un photo de lui), et me voilà partie, rentrée à la maison, et vautrée sur le canapé en expérimentant une nouvelle technique de téléportation qui me permettrai d’aller me coucher sans avoir à me lever d’abord…

 

Voilà de ce long poste sur cette longue soirée !

Bravo à tout ceux qui en sont venu à bout ! Pour vous féliciter, un petit bonus :

 

Hélène, je m’appelle Hélène,

Je suis une fille, comme les autres,

Hélène, j’ai mes joies mes peines,

Elles font ma vie, comme la votre,

Je voudrais trouver l’amour,

Simplement trouver l’amour…

 

Sur ce, man zou ! (« va doucement », la manière des gens d’ici pour dire au revoir).
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A
1/n'oublie pas que je ne fais pas partie des voisins inscrits au alcooliques anonymes (mon honneur et celui de la rue en dépend)<br /> 2/génial de te lire c'est un plaisir du début à la fin, pour te mettre de bonne humeur, te marrer : plaisir garanti!! a quand la suite des aventures de Juliette au pays des pandas.
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L
Trop dégouté d'avoir tout lu pour tomber sur un bonus aussi pourri... <br /> <br /> On, vous raconte plein de trucs, mais on zappe l'essentiel ! Par exemple pourquoi Li Mu Bei (c un nom de code pour l'un des gros de l'article) apprend le francais ? Pour etre romantique pardi !<br /> <br /> Ca va être bien le dejeuner à la cantine en tete à tete avec Li Mu Bei ! Comment ça non ? Tu vas pas lui poser des lapins tous les jours qd même...<br /> <br /> ya pas des photos de toi qui valse ???
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L
Tite ju deviens grande et oui le chivas existe aussi dans notre contré lointaine =) mais ici tu n'étais pas si dévergondé !<br /> ne lache pas trop de sex appeal ca pourrai être dangereux<br /> <br /> Bizoo<br /> <br /> ah oui aussi; jaimerais voir la ju en robe qui danse la valse !
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